Alain Ceysens 

photographe

Marolles 1965

Tandis que les moyens de transport annulent les distances, les nécessités économiques multiplient les transplantations de travailleurs. Ainsi l’agglomération bruxelloise abrite en certains secteurs de véritables petites colonies étrangères. Les immigrants espagnols de St Gilles refluent jusqu’au quartier des marolles. Est-ce un instinctif retour à un historique brassage de races? Quoi qu’il en soit, la marmaille de la rue Haute joue et rêve à l’heure méridionale. Comme nous comprenons qu’à l’affût d’une vérité expressive qui dépasse sa leçon immédiate, un jeune photographe se soit consacrer à saisir des regards riches d’innocence et d’évasion parmi ces petits « exilés » en train de faire la relève des gosses de chez nous! Où serait-il l’espoir de l’unité humaine s’il ne s’imposait pas dans les visages et les attitudes des premières années ? N’oublions pas les découvertes et les fièvres communes de l’adolescence. (…) Dans la rue, Alain Ceysens saisit les données immédiates de l’authenticité dans la confession de la lumière naturelle. (…) La justesse exige une tension et revivant dans la chambre noire de son laboratoire, ses heures d’attente et de ferveur, Alain Ceysens demande à son imagination de nuancer des instants que lui seul voit dans la surprise de leurs plénitudes.
Pierre Bourgois, 1967
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